Thiago Carvalho pensait que le pire moment de sa vie avait été l’accident sur la Marginal Pinheiros.
Il se trompait.
Le pire fut le silence après la mort de Fernanda, sa femme.
Depuis ce jour, la maison de São Paulo ressemblait à un musée du deuil. Thiago vivait mécaniquement, partagé entre son entreprise et sa fille Alice, âgée de onze mois au moment de l’accident. Les médecins avaient été prudents mais clairs : une paralysie partielle des jambes, et peu d’espoir qu’elle marche un jour.
Les aides se succédaient… et repartaient toutes. Trop lourd. Trop triste. Trop difficile.
Un matin, une jeune femme se présenta pour le poste.
Elle s’appelait Lívia. Simple, discrète, déterminée.
Dès le premier jour, quelque chose changea. Alice, habituellement apathique, sourit. Puis rit. Lívia ne se contentait pas de garder l’enfant : elle jouait avec elle, stimulait ses mouvements, transformait chaque geste en exercice doux, presque thérapeutique.
En secret, Thiago observait tout à travers des caméras qu’il avait installées par peur.
Ce qu’il vit ne fut jamais de la négligence.
Seulement de la patience, de la compétence… et de l’amour.
Intrigué, il découvrit la vérité : Lívia avait étudié la physiothérapie, mais avait dû abandonner après la mort tragique de ses parents. Elle avait aussi élevé un petit frère handicapé, décédé très jeune. Alice n’était pas un hasard. C’était un choix du cœur.


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